Quelques taches qui alertent. Puis des douleurs, comme des crampes dans le ventre. Très vite, le verdict médicale tombe; la grossesse s'est arrêtée. Des termes pudiques pour dire qu'il s'agit d'une fausse couche. Si les origines de ces interruptions de grossesse sont de mieux en mieux connues, beaucoup de questions restent encore sans réponse. On sait que les deux tiers des fausses couches, lorsqu"elles sont précoces, sont liées à une anomalie chromosomique de l'oeuf. Les 23 paires de chromosomes présents dans les ovules et les spermatozoïdes doivent se séparer. Une anomalie de la réduction peut entraîner l'absence d'un chromosome ou, au contraire, la présence d'un chromosome supplémentaire. C'est un accident de parcours qui n'a que peu de risque de se répèter. En effet, seules les fausses couches qui se répètent trois fois et qui, par conséquent, ont peu de chances d'être accidentelles font l'objet d'une recherche précise. Quand une infection d'origine bactérienne, virale ou parasitaire touche la muqueuse utérine, elle provoque également une fausse couche précoce ou tardive. Une malformation de la cavité utérine empêche aussi le développement de l'embryon. On sait aujourd'hui que les filles de femmes ayant reçu du Distilbène, pendant leur grossesse souffrent d'anomalies anatomiques utérines qui augmentent le risque d'avortement spontané. Prés de 15% des grossesses sont ainsi interrompues de façon précoce : pour les trois quarts, au cours du premiers trimestre. A ce stade, les saignements, surtout s'ils sont abondants, sont le signal d'alerte le plus fréquent, mais ils peuvent aussi être anodins. En effet, 20% des femmes dont la grossesse évolue normalement signalent des pertes de sang. Ces pertes bénignes qui surviennent, sans que l'on sache pourquoi, aux dates anniversaires des règles, peuvent en effet être dues à un décollement mineur du placenta, ou à des polypes qui ne compromettent pas la grossesse. Pour d'autres femmes, la nouvelle est plus brutale. Aucun signe avant-coureur. Et c'est l'échographie qui montre un embryon trop petit pour ce stade de la grossesse qu'il est censé avoir atteint. Une femme sur 5 apprend ainsi, qu'elle va faire une fausse couche dans les jours qui suivent. Lorsque l'évolution embryonnaire s'interrompt, l'oeuf peut rester en place 4 à 10 semaines avant d'être expulsé. Les médecins n'y voient, la plupart du temps, qu'un banal accident de parcours, dont le corps se remet en quelques jours. Or, ce manque d'attention, d'information, et le côté "tabou" de la fausse couche déstabilisent. Les femmes se retrouvent seules avec leurs tristesse, leur douleur, leurs questions et leurs doutes. Une fois le diagnostic posé, la plupart des femmes ont envie de se séparer au plus vite de l'embryon mort. Pour une interruption précoce (intervenant au cours du premier trimestre), les médecins proposent soit d'attendre une expulsion naturelle, parfois aidée par des médicaments utilisés lors des interruption de grossesse, soit de pratiquer, sous anesthésie générale, une aspiration ou un curetage, qui sera nécessaire si l'échographie de contrôle montre que l'expulsion est incomplète. Mais quand la fausse couche est tardive, ou en cas d'hémorragie importante, l'intervention médicale devient nécessaire. Or, les premières 24 heures sont les plus éprouvantes. Ensuite, les saignements durent en moyenne une dizaine de jours. Dans ces cas-là, il ne faut donc pas hésiter à demander un traitement efficace contre la douleur. On conseille en principe d'attendre un cycle avant de recommencer. En moyenne les femmes retombent enceintes 6 à 9 mois plus tard.