Le traitement ABA
L’approche comportementale ABA (Applied behaviour analysis ou Analyse appliquée du comportement) a fait ses preuves à l’étranger, mais elle est encore peu connue en France. Rares sont donc les enfants autistes qui peuvent en bénéficier, faute de reconnaissance de la part de l’Etat et de formation des professionnels. Pourtant, la méthode ABA aide les enfants à progresser naturellement dans leurs apprentissages grâce aux relations qu’ils entretiennent avec leur environnement…
Les prémices du traitement ABA, initié par Ivar Lovaas, docteur en psychologie, remontent aux années 60. Son principe ? Permettre aux enfants autistes de progresser naturellement dans leurs apprentissages grâce aux relations qu’ils entretiennent avec leur environnement. Et ce, en aménageant leur lieu de vie de façon à ce qu’ils apprennent des choses tout en s’adaptant aussi à ce qui les entoure. Le traitement ABA aide ainsi l’enfant à gérer ses comportements pour qu’il devienne progressivement autonome et s’intègre plus tard à la société.
Plusieurs études montrent qu’environ « 47 % des enfants ayant reçu une prise en charge comportementale intensive et précoce sont réintégrés en classe normale. »
Rencontre avec Vinca Rivière, docteur en psychologie, qui pratique depuis plus de 6 ans la méthode ABA à Lille.
« Quand les parents ont le moindre doute, ils ne doivent pas se laisser influencer par des personnes qui leur disent que ce n’est pas grave, que ça va passer. Même si, au départ, on n’est pas sûr à 100 % de l’autisme d’un enfant, commencer avec lui le traitement ABA ne pose aucun problème. C’est d’ailleurs aussi une aide pour les parents. Plus on commence tôt, plus les résultats sont rapides.
Concrètement, l’enfant est pris en charge chez lui par des psychologues ou des étudiants en psychologie qui font office d’éducateurs. Les parents doivent être prêts à les recevoir, il faut compter en moyenne une quarantaine d’heures par semaine. Ca peut paraître beaucoup, mais ce n’est pas du travail à proprement parler. On apprend à l’enfant les tâches du quotidien et on reprend les étapes de son développement (manger seul, devenir propre, se laver…). On avance pas par pas avec lui à travers un choix réaliste d’activités pour répondre à des objectifs donnés.
Récemment, on s’est occupé d’un petit qui est entré au CP. Au départ, ses troubles du comportement étaient tels qu’il avait besoin d’être encadré par deux personnes. Progressivement, ça s’est arrangé et les enseignants ont pu prendre le relais. On veut tendre vers ce schéma. C’est ce qu’on apprend aussi aux parents pour qu’ils soient capables ensuite de prendre le relais… »
Quand ?
« L’idéal serait de commencer le traitement ABA vers 15-18 mois au moment où, en général, les doutes s’installent. Malheureusement, les enfants sont souvent pris en charge bien plus tard à cause d’un diagnostic tardif ou de conseils de professionnels qui relativisent et poussent les parents à attendre une éventuelle amélioration, souvent en vain… »
Combien ça coûte ?
« Le traitement ABA n’est pas reconnue par l’Etat. Il n’y a donc aucun financement prévu pour la mettre en place. Quelques subventions existent, mais ce sont surtout aux familles de sortir leur porte-monnaie. Il faut en général compter 100 000 euros par an et par enfant, sur trois ans. A Lille, les étudiants formés sont bénévoles. Le traitement ABA n’est pas proposé comme il devrait l’être car il est impossible de faire supporter aux parents une telle somme. »
Quel avenir en France pour la méthode ABA ?
« Pour l’instant, on attend. Il y a un vrai manque d’informations vers les parents, mais aussi du côté des professionnels de santé. Il n’existe pas de structures qui prennent en charge les tout-petits et il y a peu de personnels formés au traitement ABA. Mais ça vient ! On a un réseau national, avec de jeunes psychologues qui commencent à être formés. A Lille, on a créé un centre de prise en charge de 6 enfants autistes, à raison de 32 heures par semaine, tout en bénévolat. On souhaite montrer aux professionnels et aux parents ce que peut apporter l’analyse du comportement.
On peut donner aussi aux parents une petite formation pour qu’ils puissent mettre en place des activités adaptées à leur enfant. Dans ce cas, on les suit et on les revoit tous les mois pour constater l’évolution.
Mais malheureusement, on fait face aussi à beaucoup de lobbies qui font pression sur le gouvernement contre cette méthode. Les réticences sont nombreuses, notamment de la part des professeurs en pédopsychiatrie. Certains parents, même, nous disent qu’on fait rêver les gens. Mais pas du tout ! Ce qu’on fait, c’est vraiment du concret ! Il y a des professionnels qui revoient les enfants après plusieurs années et qui n’en reviennent pas des progrès accomplis… »
Pour plus d’informations :
http://www.aba-france.com/