Une majorité de parents de jeunes enfants laisse ainsi, occasionnellement voire régulièrement, leur enfant dans leur lit. Bien peut osent le dire et beaucoup même, culpabilisent. Ce sujet reste tabou. Qu’y voyaient-ils ? En dehors des risques de conduites incestueuses, une menace pour l’équilibre psychique de l’enfant, confronté à une promiscuité nocive, à une période de sa vie où il éprouve des sentiments oedipiens pour l’un de ses parents et se découvre une corps sexué. Actuellement, la théorie du il ne faut pas prendre l’enfant dans son lit tend à être assouplie. La tendance est donc à la déculpabilisation : lorsque le couple va bien, que la relation intime et sexuelle entre les parents est bien en place, je ne pense pas que cela soit une catastrophe ou un signe de difficulté si leur enfant vient de temps en temps dans leur lit. Dans nombreuses autres civilisations, les jeunes enfants dorment dans la même pièce ou le même lit que leurs parents et leur nombre de névrosés n’est pas supérieur au nôtre. Nous demandons à l’enfant d’être autonome très tôt, alors qu’il est pas capable. Jusqu’à 4-5 ans, il se vit encore comme le prolongement de ses parents. C’est auprès d’eux qu’il trouve l’assurance dont il a besoin, parce que sa propre sécurité intérieure n’est pas encore suffisamment solide. Le laisser dormir parfois avec vous n’en fait pas un être dépendant. A condition que cela soit votre enfant qui en fasse la demande et pas vous, que vous respectez sa pudeur, souvent déjà grande, en dormant habillé et, bien sûr, que vous soyez d’accord dans le couple. Ou bien prévenez-le qu’une fois endormi, vous le remettez dans son lit (au moins, il ne sera pas surpris de s’y retrouver seul). Quand l’enfant devient dépendant au point de ne plus pouvoir dormir sans vous, il est urgent de s’interroger : peut-être est-il envahi par des angoisses trop lourdes. Essayez de savoir ce qui ce passe, ce qui lui fait peur, en faisant appel au besoin à un spécialiste. Votre lit, votre chambre doivent rester comme tels dans son esprit, parce qu’ils symbolisent, d’une certaines manière, la différence entre les générations qui participe à la construction de l’enfant. Son sommeil, jusqu’à 4-5 ans, n’est pas encore bien construit (il est fréquent qu’il se réveille entre deux cycles) et vous aurez en partie l’explication de ses réveils nocturnes. Par périodes, ils l’obligent à de tels efforts d’adaptation que , bien souvent, son sommeil en devient plus excitable et léger. Tout comme pour les grands événements de la vie, entrée à la crèche, à l’école, naissance d’un autre enfant, etc. Du coup, votre enfant se met certaines nuits en pilotage automatique pour trouver l’apaisement en votre compagnie. Mais ce n’est pas tout : il se passe tant de choses à cet âge. Il est vrai qu’à cette période pointent les grandes questions excistenstielles : d’où viennent les bébés, pourquoi les filles n’ont pas de zizi ? Il découvre son corps, observe le vôtre, tandis qu’il est attiré par son parent de sexe opposé, traversé par l’envie de l’avoir pour lui tout seul. La jalousie, la rivalité, mais l’amour aussi, qu’il ressent pour son (sa) rivale plongent par moments l’enfant dans la confusion et la culpabilité. Passé l’âge de 5-6 ans, il aura certainement des nuits beaucoup plus calmes et profondes. Il sera de plus en plus désireux de s’approprier sa chambre, son territoire, pour y construire sa propre intimité. Et même, dans quelques années, il vous en claquera la porte au nez. Enfin, le lit parental et bien sûr une question de couple et de choix personnel.